POSTED 18 août 2022 / IN: Guitare / BY Christophe Quinzoni

Mes guitares : la Quinzocaster Nashville

Introduction

Cette guitare est un peu le fruit du hasard. Un peu inattendu, ce projet prend place entre la Quinzocaster Esquire Spirit et mon futur projet de masterpiece.

Cet article fait partie d’une série en cours détaillant la biographie de mes quelques guitares.

Genèse du projet

Après m’être frotté à la construction et personnalisation d’un kit, puis avoir monté ma première propre guitare, je me retrouve à la tête d’un certain nombre de pièces détachées, issues pour certaines du kit T-Style, et pour d’autres le résultat d’achats d’impulsion sur diverses boutiques en ligne.

Les matières premières

Le kit Harley Benton T-Style (photo © Thomann)

Corps et manche

Au démarrage, il me reste du kit T-Style le corps et le manche ; soit la base pour monter une guitare. L’ensemble est plutôt bien réalisé et je suis familiarisé avec ces pièces et leur manipulation depuis le montage de la Quinzocaster.
Dommage de posséder ces deux éléments majeurs et ne rien en faire…

Electronique et micros

J’ai fait il y a quelques semaines auparavant un achat un peu impulsif auprès de Landry (mon fournisseur officiel de pièces détachées), à une période où j’ai encore du mal à clarifier mes projets et savoir vraiment où je vais. Pour une somme tout à fait modique, une vingtaine d’euros, me voilà en possession d’une plaque pré-câblée provenant d’une Stratocaster coréenne des années 90. L’idée de monter trois micros sur un corps de Telecaster me séduit, avec encore l’impression d’avoir inventé quelque chose qui n’existe nulle part !

Corps Telecaster + micros Strat = Quinzocaster Nashville !

Nom de code : Nashville

Il me faudra assez peu de temps pour tomber sur un article assez documenté sur les guitares Telecaster ; j’y constaterai avec surprise la foule de modèles qui existent, et notamment la Telecaster Nashville -à trois micros- créée au milieu des années 90 et destinée plus particulièrement aux musiciens de studio ! Ma Quinzocaster prend alors assez logiquement la dénomination de Nashville.

Le concept

Nouvelle guitare, nouveau concept, nouvelles techniques ! J’ai envie de tenter sur ce projet des choses que je n’ai pas encore abordées avec les guitares précédentes : outre l’intégration des trois micros (j’y reviendrai en détail plus loin), je projette une finition « vernis + peinture » ainsi qu’une partie de l’accastillage fait main en chêne massif. En somme, un léger excès de confiance qui va se heurter aux dures réalités à chaque étape du projet.

Etape 1 : gabarits

Le corps de la guitare va devoir subir quelques modifications pour accueillir les trois micros et leur électronique. La cavité de la plaque de contrôle est allongée pour recevoir un bouton supplémentaire (3 sur une Stratocaster -2 tonalités et 1 volume- contre 2 sur une Tele). Une défonce supplémentaire va également être réalisée pour accueillir le micro supplémentaire (Middle). Je commence par réaliser les gabarits de la plaque de contrôle et du pickguard.

Etape 2 : les habillages

J’ai en stock un beau tasseau en chêne, que je réservais à l’origine sûrement pour une utilisation spécifique, mais qui va finalement me servir pour la réalisation des habillages : pickguard, plaque de contrôle, plaque de fixation du manche, embase jack. Evidemment, au vu de ses dimensions il va falloir découper et assembler !

La plaque de contrôle

Réalisée dans une « tranche » de chêne.

Etape 2 bis : pause peinture

A ce stade du projet, et pour me changer un peu les idées, j’attaque la peinture du corps. Toujours dans l’idée de sortir de mes zones de confort et forcer un peu mes habitudes, je jette mon dévolu sur du blanc, option totalement contre-intuitive me concernant. En stock, un pot de peinture blanc satin pour boiseries qui devrait faire l’affaire. Gros barbouillage au pinceau, avec l’idée et l’espoir de rattraper tous les défauts au ponçage (je vis encore à cet instant au royaume des illusions…).

Etape 3 : la folle histoire du pickguard

Il est ici bien utile de rappeler à quel point je fonctionne par intuition, et comment j’arrive à changer d’idées en cours de route. L’histoire du pickguard en est une assez bonne illustration : initialement prévu de faible épaisseur et fixé sur le corps, je l’envisage bientôt « incrusté » façon marqueterie, pour finalement opter pour une solution « mi-pickguard / mi-table ». Pas facile à expliquer autrement que par l’image :

La suite est une succession d’essayages, de reprise de ponçage, d’amélioration de multiples petits défauts et problèmes ; étape interminable en raison de la dureté assez remarquable du chêne ajoutée à une extrême prudence pour ne pas abîmer mon assemblage !

Etape 4 : pause essayage

A ce stade, une petite simulation s’impose ; une rapide mise en place pour se donner une vision du résultat final. Pour la photo, la tête du manche n’étant pas encore mise à la forme, j’utilise un manche de Stratocaster que j’ai en stock en prévision d’un futur projet. Alors évidemment, en voyant le résultat, je me dis que finalement le blanc c’est pas super…

Etape 5 : peinture (bis)

Black is beautiful. Je réalise un peu tardivement qu’il ne faut pas systématiquement se forcer à faire des choix contre son instinct. Je suis assez content d’avoir tenté une teinte blanche, mais je sens bien que cette guitare finira en fin de compte par être noire. C’est donc de nouveau le début d’une phase de peinture (toujours au pinceau, en utilisant une laque noire de chez Castorama), résumée dans la galerie photo ci-dessous, et qui va s’avérer assez catastrophique au ponçage.

Work in progress – été 2022

Etape 6 : tête du manche

A ce stade, mettre à la forme Telecaster la tête du manche commence à ressembler à une formalité. Même plus besoin de gabarit, tracé quasiment à main levée…

Après la découpe, la marquage. J’ai testé il y a quelques temps, et avec peu de succès, la technique de décalcomanie à l’eau. Du coup je pars sur un marquage à l’ancienne, au feutre et à la main. Vu de très (trop) près, c’est un peu maladroit, mais à distance respectable ça fait quand même son petit effet.

Etape 7 : (re)peinture

Après pas mal de déboires avec l’application de la peinture au pinceau, je découvre opportunément un petit pistolet à peinture qui m’ouvre de nouvelles perspectives. Nouvelles séances de peinture, donc, avec enfin un réEtape sultat qui s’approche de l’acceptable !

Cabine de peinture en mode country

Etape 8 : sortie jack

Petite fantaisie apparue sur le tard, avec l’idée d’une embase de sortie en chêne, pour aller avec le reste. En fin d’usinage, forcément, la pièce se casse en deux… Un petit collage soigné et invisible rattrape le coup.

Etape 9 : le cauchemar du vernis

Maintenant que j’ai un rendu correct de la peinture, je m’attaque au vernis. J’ai lu pas mal de commentaires et d’explications sur les différents vernis et leur application, l’opération semble assez délicate. J’utilise deux bombes de 400 ml, ça me semble beaucoup, avant d’obtenir un résultat à la limite de l’acceptable. Les temps de séchage sont horriblement longs (on peut multiplier les indications sur le produit par 100 ou 1000…) et le vernis reste indéfiniment capricieux. Je laisse sécher quelques semaines, durant lesquelles je ne peux plus toucher à rien. Chantier en pause. A la reprise, je me contenterai de nouveaux passages à la laine d’acier 000, d’un petit ponçage ciblé sur quelques défauts rattrapables, avant une séance de polish et lustrage. Un peu dégoûté quand même, j’ai fini par abandonner l’idée d’un résultat irréprochable !

Etape 10 : retouche micro !

Petite péripétie inattendue en m’attaquant à la question des micros. Pour rappel, je monte un set de trois micros Stratocaster dans un corps de Telecaster ; il eut été curieux que n’apparaisse à ce stade aucun problème inattendu. C’est chose faite, le micro bridge n’est pas aux cotes Telecaster, il est équipé d’une patte de fixation à chaque bout (modèle Strat), plutôt que deux points de fixation dessous un un au-dessus (modèle Tele). Idem pour les capots, bien entendu. Je commence par adapter un capot, en lui supprimant ses fixations d’origine pour lui ajouter un support adapté, découpé dans un vieux pickguard…

Etape 11 : accastillages

En attendant mieux (je n’ai pas encore décidé quoi faire, conserver les boutons Stratocaster ou les remplacer par des modèles plus typés Tele), j’utilise l’existant. Une petite couche de peinture quand même…

Côté boiseries, les choses se passent plutôt bien. C’est le signe, plutôt encourageant, qu’on ne peut pas se planter sur tout ! Les assemblages sont « corrects », et le montage se passe sans casse au vissage. Petite revue de détails !

Etape 12 : le bridge, les férules

Un peu échaudé par le montage d’un précédent kit, je prends un maximum de précaution pour positionner le bridge bien dans l’axe de centrage du manche. Concernant le perçage pour les férules, ayant déjà réussi l’épreuve sur l’Esquire Spirit, j’y vais assez confiant. Ce qui est une erreur, l’excès d’optimisme ne s’avère jamais bon en lutherie…

Etape 13 : retouche des défonces

A ce stade du projet, je commence à avoir pas mal d’éléments à assembler et la guitare commence à ressembler à quelque chose (à une guitare, en fait). Un petit assemblage « à blanc » montre que la plaque de contrôle, maintenant équipée et dotée de son lot de câblage en mode « plat de spaghettis » ne s’adapte plus, sauf si je la monte à l’envers (je suis presque tenté de le faire). D’un autre côté, ça fait un moment que je n’ai pas sorti les ciseaux à bois sur ce projet !
Spoiler : le cuivre adhésif, c’est un peu galère à décoller sans tout arracher.

Etape 14 : les soudures !

Autant le dire tout de suite, cette partie du projet provoque chez moi un curieux sentiment d’attirance/répulsion. Je n’ai jamais fait ça de ma vie, donc je suis assez curieux d’expérimenter mais également assez circonspect sur mes chances de réaliser un assemblage qui fonctionne ; et je ne parle même pas de faire ça proprement !

Petite explication de la méthode

Cette étape de soudure s’est imposée inopinément, je n’avais initialement pas prévu d’y être confronté. En effet, j’installe sur la guitare un ensemble « micros + électronique » déjà entièrement câblé, en provenance d’une Stratocaster coréenne démantelée. Ce qui est peut-être évident pour pas mal d’amateurs avertis s’est avéré une surprise pour moi : la disposition de tous ces éléments est très différente d’une Strat à une Tele, et je n’ai donc évidemment pas les longueurs de câble suffisantes pour positionner l’ensemble tel que je le souhaite. Deux options se présentent : la première, c’est de tout recâbler. Grosse hésitation, tant sur la pratique que sur la théorie, dans la mesure où ce câblage m’est un vrai mystère assez impénétrable. Je choisis la deuxième option, probablement en contradiction sévère avec toutes les règles de l’art : greffer des « rallonges » aux endroits où les câbles sont trop courts. Dans un premier temps, je sectionne tous les câbles des micros, en repérant bien qui devra aller où !

Attention, les images qui suivent peuvent déclencher des crises d’angoisse chez l’amateur averti…

Pause

Et voilà. A ce stade, pause dans les opérations de bricolage. La guitare est à peu près fonctionnelle, l’un des trois micros ne fonctionnant pas (disons que pour l’instant elle sonne aux deux tiers). Elle est maintenant dotée de cordes, je vais l’utiliser quelques temps avant de la remettre sur l’établi pour peaufiner les points perfectibles qui ne manqueront pas d’apparaître en cascade dans les temps qui viennent !


Vidéos

Quelques vidéos en situation, cette section s’enrichit au fil des tournages.

Et elle sonne !
Revue de détail.
Test des micros.
Bricolage estival 2023. Tentative de réparation de micro.