POSTED 18 août 2022 / IN: Guitare / BY Christophe Quinzoni

Mes guitares : la Quinzocaster Esquire Spirit (saison 1)

Introduction

Quelques jours après avoir bouclé le projet Quinzocaster, encore imprégné de l’odeur des copeaux et du vernis, je reste un peu déçu de la vitesse et la facilité relative avec lesquelles cette première aventure de lutherie s’est conclue. Comme l’impression d’avoir monté une boite de Lego… C’est décidé, je vais me lancer dans la construction presque intégrale d’une nouvelle guitare !

Ce projet s’est réalisé entre le 10 février et le 9 mars. Cet article fait partie d’une série en cours détaillant la biographies de mes quelques guitares.

La Quinzocaster Esquire Spirit, hommage à l’ancêtre des Telecaster

Genèse du projet

Une étrange combinaison de plaisir et de frustration donne naissance à ce nouveau projet : l’immense plaisir d’avoir « créé » une guitare et abordé quelques techniques de base de la lutherie avec le projet Quinzocaster ; frustration d’avoir abouti aussi vite, frustration également de n’avoir pu donner vie à une Telecaster ! En effet, mes goûts et ma culture musicale font pour moi de cette guitare la reine des six cordes.
Le projet précédent a commencé à me mettre en confiance, mais pas au point de me lancer immédiatement dans la création d’un chef-d’œuvre composé de pièces ou de bois de trop grande qualité susceptibles d’être malmenées par la foule des possibles maladresses envisageables sur ce chantier.

Nom de code : Monstrocaster

Après réflexion, je prends la décision de me lancer dans un projet de « brouillon » de guitare ; le manche viendra du Bon Coin et devra peu coûter, et le corps sera fait avec le bois que j’ai sous la main. Je pourrai ainsi faire toutes les erreurs sur ce travail qui n’aura finalement vocation à n’être qu’une « répétition » avant le projet final. L’entreprise prend alors le nom de code de Monstrocaster, sorte de créature expérimentale.

Les matières premières

A ce stade, je n’ai encore aucun des composants pour démarrer, mais je vais assez rapidement rassembler l’ensemble :
. Un manche, trouvé sur le Bon Coin,
. Du bois de récupération pour le corps,
. Accastillage et électronique issus d’un kit Thomann.
. Ferrules pour cordes traversantes chez emma-music.

Le manche

J’ai acquis à très bas prix (20,00 €) un manche sur le Bon Coin auprès de Landry, avec qui je sympathise très vite et qui deviendra mon « Fournisseur Officiel » de pièces détachées. Je n’ai à ce moment-là à peu près aucune connaissance et je m’apercevrai plus tard que remplacer ce manche par un de meilleur qualité ne sera pas du luxe !

Le bois

Après inventaire de tout ce que j’ai en stock de chutes de bricolage, force est de constater que je n’ai rien dont l’épaisseur s’approche de celle d’un corps de guitare ; rien de vraiment sympa non plus en termes d’esthétique. Quelques recherches plus approfondies me mèneront vers un bout de plan de travail et quelques chutes de parquet en teck massif !

L’équipement

Rassembler l’ensemble des pièces une par une, les chercher sur le Bon Coin ou sur les sites de vente en ligne m’apparaît rapidement assez compliqué, dans la mesure où le choix est immense, mes connaissances nulles, et les prix du simple au centuple. Fort du projet précédent, je fais l’acquisition d’un kit Thomann T-Style dans lequel je piocherai tout ce dont j’ai besoin en termes d’accastillage et d’électronique ; je suis par ailleurs sûr de tout avoir d’un seul coup et pour un budget raisonnable, moins de 100 euros.

Le concept

L’idée est d’expérimenter l’ensemble des étapes de construction d’une guitare, mais sans non plus se lancer dans un projet pharaonique. Poser des cordes traversantes me semble une bonne expérience à mener, mais je simplifie par ailleurs d’autres points : pas de pickguard, un seul micro au niveau du chevalet. Pendant quelques jours, j’ai le sentiment de créer une guitare unique, jusqu’à ce que quelques recherches m’apprennent l’existence de la Fender Esquire. Imaginée par Leo Fender en 1949, c’est tout simplement l’ancêtre de la… Telecaster !

Etape 1 : le manche

La pièce

Mon premier achat de pièce d’occasion sur Le Bon Coin. J’ai d’abord cherché ce que coûtait un manche digne de ce nom, c’est-à-dire neuf, avant de considérer que je pouvais me permettre de tester une pièce d’occasion. A cette époque je m’y connais encore moins qu’aujourd’hui (c’est dire…), et me voilà en possession de ce manche… assez usé. L’intérêt de cette transaction réside principalement dans le fait d’avoir à l’occasion fait la connaissance de Landry, à qui j’achèterai par la suite plein de trucs sympas !

Travail sur la fixation

Je n’ai jamais bien aimé remonter une pièce qui a déjà été montée puis démontée, c’est probablement ma longue pratique des meubles Ikea qui explique cette position. Pour le manche, je commence par repercer les emplacements des vis pour les refermer avec des tourillons bien durs collés dans les perçages.

Le marquage de tête

Je me lance dans la réalisation du marquage qui viendra signer la tête de la guitare. La façon d’obtenir le résultat le plus propre semble d’utiliser un adhésif décalcomanie. Je passe sur les détails et les galères, pour conclure rapidement : le résultat n’est pas très propre, mais il vaut mieux se louper sur la Monstrocaster que sur une autre…

Etape 2 : le corps

Assemblage

Première étape, constituer un « bloc » de bois de dimensions et d’épaisseur suffisantes pour y tailler une forme Telecaster. J’enferme une chute de plan de travail, de type lamellé collé, entre deux couches constituées chacune d’un assemblage collé de lames de parquet en teck massif. Colle à bois entre chaque « couche » puis maintien aux serre-joints. Au final l’épaisseur est un peu plus importante qu’un modèle original mais ça passe ; je n’ai de toute façon pas l’outillage pour rectifier ce point. On verra plus tard l’incidence sur le poids de la guitare finie !

La découpe à la forme

Je ne connais pas l’origine de ce plan technique, mais j’ai l’impression de le voir utilisé par un grand nombre de créateurs de Telecaster. On le trouve très facilement au format pdf sur le net. A part le fait que toutes les mesures sont exprimées en pouces, il me semble irréprochable !

Pour faciliter le passage de la scie sauteuse, je commence à prédécouper à la perceuse. On fait avec les outils qu’on a.

Le neck pocket

Je procède ensuite à la réalisation du neck pocket, de la façon la plus artisanale qui soit ! Ciseau à bois, maillet et gros coup de bol : ça marche !

Quelques finitions

Les assemblages n’étant pas irréprochables, je cherche un moyen de boucher les quelques écarts qui subsistent, en appliquant deux mauvaises idées. La première en utilisant une sorte de pâte à bois faite maison, mélange de sciure (j’en ai des paquets) et de colle à bois. Je bouche assez grossièrement avec l’intention de finir au ponçage. Le mélange colle + sciure s’avère d’une dureté assez incroyable, un enfer à poncer. La deuxième idée, c’est de combler les manques avec de la colle à bois pure, présentée comme devenant transparente au séchage. Spoiler : c’est faux.

Malgré tout, pour un premier essai je suis plutôt satisfait du résultat.

Etape 3 : les défonces

Il va falloir maintenant procéder à la réalisation des différentes défonces qui vont permettre d’intégrer l’équipement : une défonce pour le micro, une pour l’électronique, le « tunnel » qui relie les deux et permet le passage du câblage, et la sortie jack. Sans oublier le perçage pour les cordes traversantes. A nouveau, perceuse, ciseau à bois, maillet, râpe.

C’est à cette étape qu’il est crucial de positionner le manche dans son logement, et définir la ligne de centrage sur le corps pour trouver l’alignement impeccable du chevalet avec le manche. Je me sers du plan technique pour positionner très soigneusement mes éléments (pour au final avoir un alignement un peu hasardeux, je m’en rendrai compte bien plus tard en montant les cordes).

Pose des ferrules

Pas grand chose à signaler, en dehors du fait que je ne dispose pas de forêt assez long pour percer en une seule fois ; je dois donc prépercer avec un diamètre suffisant pour pouvoir finir en enfonçant au maximum dans le premier perçage avec un diamètre plus fin… Au final, l’alignement en sortie est plutôt bon !
Et comme le bois ne m’a rien coûté, je me paye le luxe de ferrules Fender.

Etape 4 : vernis

Je n’ai appliqué aucun traitement de préparation sur le bois, qui du coup boit comme un ivrogne les nombreuses couches de vernis que j’applique, avec comme conséquence un séchage interminable. Le vernis utilisé est un incolore, je n’ai aucune idée de ses qualités ni de sa provenance (trouvé dans ma cave dans un bocal à conserve, « vernis » écrit à la main sur le pot).

Etape 5 : fin de l’assemblage

Montage de l’électronique et vissage du manche. Opérations sans commentaires particuliers…